Hill joue Hendrix: faire revivre l’idole

8 novembre 2022

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Anne-Louise Champagne

Hill joue Hendrix: faire revivre l’idole

Hill joue Hendrix: faire revivre l’idole

Même s’il se prépare à sortir un nouvel album en novembre, Steve Hill trouve toujours le temps, le goût et l’énergie de se replonger dans les œuvres son idole, Jimi Hendrix. Ce qu’il fera le 21 janvier 2023, sur les planches du Palais Montcalm.

Steve Hill et ses complices s’éclateront sur du Hendrix pour la deuxième fois au Palais Montcalm. En décembre 2020, en pleine pandémie, Hill, Sam Harrisson (batterie) et Alec McElcheran (basse) s’étaient produits pour un concert en web diffusion, devant caméras… et sièges vides. « J’avais eu du plaisir à jouer avec mes amis, assure le bluesman québécois. Il me semble que ça avait été un très bon spectacle, mais que peu de gens ont pu voir. Le prochain show risque d’être beaucoup plus l’fun ! »

Depuis quelques semaines, le guitar hero québécois écoute du Hendrix sans arrêt, et il en joue également. « Ça me reprend chaque année. Ce sont des chansons que je connais très bien, je suis capable de me laisser aller là-dedans. Il y en a que je joue depuis 35 ans! » Les répétitions avec Harrisson et McElcheran prennent l’allure de retrouvailles. C’est très simple, et ça a tout du rêve d’adolescent: « On va dans mon studio, je calle la toune, et on la fait, pas plus compliqué que ça! »

Le spectacle Hill joue Hendrix a été présenté un tout petit nombre de fois cet été, à Montmagny et au Festif de Baie-Saint-Paul. Il ne faut pas s’attendre à voir Hill en faire une tournée. C’est un événement particulier, produit en 2020 à la demande du Palais Montcalm pour souligner le 50e anniversaire de la mort de Hendrix, explique le musicien. Par la suite, quelques producteurs ont approché l’agent de Steve Hill pour refaire le spectacle, mais ça n’ira pas beaucoup plus loin, selon le principal intéressé. « Là, je sors mon douzième album, j’ai du matériel, et je joue mon matériel en général. Donc, ça peut arriver ici et là mais ça va être quand même assez rare. Même si j’adore faire ça! »

 

Les débuts de l’aventure

Le bluesman québécois était un grand fan du guitariste américain dès son adolescence. Les posters de Hendrix tapissaient sa chambre et il avait une large collection de cassettes. « J’étais obsessed by it », affirme Hill.

Mais c’est par l’entremise d’un magazine de guitare que tout a vraiment commencé. Sur la couverture, son idole. À l’intérieur, la partition de Voodoo Child, en notes et en tablatures. Ah ces tablatures! Une notation simplifiée qui s’est avérée une invention décisive pour bien des musiciens autodidactes. « Quand j’ai vu ça, j’ai fait ‘ben là, je suis capable de jouer de la guitare!´ Bon, j’ai pas été capable de la jouer tout de suite mais c’est comme ça que l’aventure a commencé », se remémore-t-il.

Pour les curieux, oui, Steve Hill, a suivi des cours de guitare, surtout de jazz. Mais avec des résultats mitigés, assure celui qui est aujourd’hui multi-instrumentiste. On lui a bien inculqué les techniques de base, incluant l’usage du médiator, mais l’élève a développé sa propre technique, et a laissé tomber le pic.

Le jeune musicien allait par contre voir beaucoup de concerts, et chacun devenait pour lui une leçon. Il a par la suite eu l’occasion de jouer avec plusieurs musiciens, et pas les moindres: Ray Charles, B.B. Kingston et Metallica, ou encore Nanette Workman, Michel Pagliaro et Zachary Richard. Il a continué d’apprendre auprès d’eux.

Très curieux, il achète toujours des magazines et glane de nouveaux trucs et infos ici et là, même après plus de 25 années de carrière. Bref, « j’ai eu des cours mais le gros de ma formation est venue à écouter mes idoles et à essayer de repiquer ce qu’ils faisaient. »

 

Toujours une inspiration

Mais revenons à Hendrix. Même s’il est décédé depuis plus de 50 ans, le maître est encore une inspiration pour les guitaristes des années 2020, estime Hill. Jimi Hendrix n’a publié de son vivant que trois albums studio, -Are You Experienced, Axis: Bold as Love et Electric Ladylove- et un quatrième en concert, Band of Gypsys. Mais il a laissé derrière lui des centaines d’heures d’enregistrement, qui ont donné naissance à de nombreux disques posthumes. Autant le Time Magazine que le Rolling Stones l’ont qualifié, dans les années 2000, de meilleur guitariste de tous les temps.
À ses débuts, Hendrix accompagnait des groupes de Rhythm and blues. Pour Steve Hill, cet aspect fait toute la différence. « Les guitaristes de rock ont un côté assez carré, illustre-t-il. Hendrix, lui, avait vraiment du Rhythm and blues, du blues, du jazz. C’est la base de son jeu. Quand il a commencé sa carrière solo, il s’est mis à jouer avec le feed-back, à inventer des affaires de whammy bar, des sonorités avec des pédales… Ça donnait des sons que les gens n’avaient pas vraiment utilisés avant. »
« Il était extrêmement versatile et en même temps, il avait toujours sa touche. Tu entends deux notes et tu sais que c’est du Hendrix. Ou quelqu’un qui le copie très bien! »
Et pour un mélomane qui ne connaîtrait pas très bien Hendrix, et qui désirerait l’apprivoiser, Steve Hill propose Voodoo Child (Slight Return) comme entrée en matière. « Il y a deux versions sur l’album Electric Ladyland. Il y a la chanson Voodoo Chile qui est un slow blues qui dure 15 minutes, et la dernière pièce de l’album, Voodoo Child (Slight Return), qui est la chanson que les gens connaissent. »
Hendrix est mort en 1970, et sa renommée persiste. Nous demandons à Steve Hill si il croit que la musique actuelle pourra traverser les années, à l’image de celle de Hendrix, des Beatles et autres Rolling Stones. La réponse est négative. « Je ne connais pas tant la scène hip-hop ou la scène électronique… Mais on est dans une époque de consommation rapide, et il n’y a pas grand chose qui va durer. Malheureusement. » Par ailleurs, les habitudes d’écoute de la musique ont changé. « On ne verra plus de phénomène comme les Beatles dans les années 60, alors que tout le monde écoutait ça. Parce que aujourd’hui, c’est beaucoup plus compartimenté. »
« Peut-être que dans 50 ans, les gens écouteront encore du Kanye West. Je ne sais pas, je ne peux pas prédire ça. Mais mon feeling est que dans 50 ans, on va encore écouter Hendrix et les Beatles, mais je ne suis pas sûr qu’on va écouter de la musique de 2022. C’est triste, mais… Je ne veux pas avoir raison mais je pense que j’ai raison. »

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