L’art de préluder: pour chœur de clarinettes basses et orgue Pleins feux sur un instrument méconnu

2 mars 2023

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Valérie Guibbaud

Pleins feux sur un instrument méconnu

Le 2 avril prochain, le Palais Montcalm – Maison de la musique vibrera au son d’un instrument qui demeure encore trop peu connu : la clarinette basse. Avec ses complices André Moisan, Rocco Parisi, Richard Paré et leurs invités, Mélanie Bourassa défendra un répertoire des plus prometteurs, composé notamment de pièces écrites pour l’occasion.

 

Mélanie Bourassa exerce le métier de clarinettiste basse avec une passion contagieuse!  Après ses études au Conservatoire de musique de Québec, c’est en Europe et à Chicago qu’elle a eu la chance de perfectionner son art. Celle qui, toute petite, était déjà une grande amoureuse des sons, avoue que ce n’est pas tant la clarinette qui est arrivée à elle en premier, mais bien la musique. Vouloir essayer de produire toutes sortes de sons pour voir quel impact ils avaient sur elle et sur son environnement était son jeu par excellence. Ce n’est donc pas un hasard si les cours de musique sont vite devenus ses préférés et ce, dès son arrivée au secondaire.

 

Mélanie avait envie d’apprendre à jouer d’un instrument et c’est en faisant partie de l’harmonie de son école qu’elle débuta l’apprentissage de la trompette. Un an plus tard, la personne qui jouait de la clarinette basse a quitté l’harmonie. Mélanie saisit l’occasion d’essayer cet instrument qui l’intriguait tant. « J’ai su tout de suite qu’il deviendrait mon allié musical et mon plus grand complice », raconte-t-elle. C’est donc à partir de sa deuxième année de secondaire qu’elle a été prise de passion pour la clarinette. Certainement à cause de sa douceur qui détonnait des sons de la trompette.

 

« La clarinette a un registre très vaste de sons et la clarinette basse, encore plus, explique-t-elle. Je pouvais y jouer différents rôles, que ce soit dans des orchestres ou dans d’autres groupes de musique de chambre. Je pouvais y faire des solos, jouer avec des instruments graves et faire des contrechamps. »

 

Le bonheur de jouer chez soi

Mélanie aime se rappeler à quel point la musique a toujours été importante pour elle. Même si elle ne vient pas d’une famille de musiciens, elle a ressenti cet appel très tôt dans sa vie. Elle aimait reproduire la musique qu’elle entendait dans les génériques des émissions qu’elle regardait à la télévision. La petite Mélanie s’installait à son mini piano et laissait les notes la guider. Celle qui aujourd’hui est appelée à performer un peu partout dans le monde avoue ressentir beaucoup de gratitude chaque fois qu’elle joue devant les siens.

 

« Revenir à la maison… quel grand privilège, s’exclame-t-elle. C’est un sentiment unique que de se savoir accompagnée, supportée par nos proches mais aussi par le public d’ici. Il ne vient pas toujours me parler mais je sais qu’il m’est fidèle. Je le reconnais, concert après concert et ça me comble de bonheur. »

 

Mélanie s’efforce de partager avec ce public les nombreuses trouvailles musicales qu’elle fait à travers ses voyages. Elle est convaincue que pour évoluer, il est important d’écouter ce que les autres musiciens du monde ont à offrir. Mélanie a même l’impression de grandir à travers eux et c’est avec un immense respect qu’elle s’en inspire.

 

Un instrument à découvrir

Le concert du 2 avril prochain permettra d’inaugurer l’Association canadienne de clarinette basse. Pour Mélanie, une telle association est primordiale. Quand elle l’a cofondée, en compagnie d’André Moisan, son but ultime était de rassembler la communauté des clarinettistes à travers le Canada et ce, autour de la clarinette basse. Pourquoi ? Parce que cet instrument est moins joué que la clarinette et qu’il comporte ses propres défis. Elle rappelle que la clarinette basse possède un répertoire spécifique et des techniques uniques qui sont méconnues dans notre propre pays. Selon elle, il était plus que temps de le faire connaître à sa juste valeur. Mélanie voulait que tous puissent y partager leurs connaissances pour réussir à bâtir un catalogue riche et ainsi, mieux éduquer les futurs musiciens ainsi que le public amateur.

 

Le Canada fait d’ailleurs la part belle à la clarinette basse. Il est même précurseur en ce qui a trait à l’usage de l’instrument. Mélanie croit que c’est grâce au système scolaire si le pays en devance d’autres. À travers les cours de musique dispensés, une grande communauté de musiciens a été formée, curieuse et toujours en quête de nouveautés.

 

Un répertoire renouvelé

Le répertoire pour clarinette basse est peut-être teinté de classiques, n’en reste pas moins que cet instrument inspire plusieurs créateurs contemporains. Le Centre d’excellence en clarinette basse possède d’ailleurs un centre de recherche dirigé par Mélanie et c’est à travers lui que des compositeurs québécois ont la chance d’y créer des œuvres originales.

 

Le 2 avril prochain, vous pourrez y entendrez Sébastien Champagne qui est, selon Mélanie, un des meilleurs pianistes au Canada. Il marie à merveille jazz et musique classique. Il fera découvrir au public une pièce originale pour cinq clarinettes basses qui, dit-on, est du bonbon à nos oreilles.

 

Pierre-Olivier Roy, compositeur pour l’Orchestre symphonique de Québec, a quant à lui créé une pièce pour huit clarinettes basses et orgue qui s’intitule Coraux. « Cette œuvre reflète toutes les couleurs de la clarinette basse et de l’orgue, c’est magique à entendre », affirme Mélanie.

 

L’art de préluder: Pour chœur de clarinettes basses et orgue est un concert accessible, qui permettra de découvrir des œuvres inédites, créées par les meilleurs compositeurs d’ici, pour clarinettes basses et orgue. Le tout dans la magnifique salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm.  

C’est un rendez-vous, le 2 avril 2023 à 15 heures.