Gregory Porter : Nat King Cole, un père musical

3 décembre 2018

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Types Portrait
Écrit par : Nicolas Houle

Gregory Porter : Nat King Cole, un père musical

À son premier passage au Palais Montclam, en 2014, Gregory Porter était encore, pour plusieurs, un artiste à découvrir. Quatre ans plus tard, le crooner revient par la grande porte, avec un concert-événement où il entonne les airs de Nat King Cole dans des arrangements de Vince Mendoza, accompagné de l’Orchestre symphonique de Québec.

Avec sa voix riche et son chant jamais forcé, Porter s’est peu à peu imposé comme l’un des interprètes incontournables du jazz. Il faut dire qu’au-delà de ses aptitudes vocales, le chanteur a su mettre de l’avant ses talents d’auteur-compositeur et a eu du flair pour bien s’entourer. Ainsi, dès son premier album, Water (2010), l’Américain originaire de la Californie obtenait des accolades, tant de la part du public que de la critique. Il a poursuivi son ascension depuis, si bien qu’après quatre albums de compositions originales et un de reprises de Nat King Cole, il a deux prix Grammy en poche et une carrière bien installée de part et d’autre de l’océan Atlantique. Pas mal pour un gars qui se destinait au monde du football avant qu’une blessure à l’épaule ne lui fasse réviser son choix de carrière…

 

 

Mais d’où lui vient sa fascination pour Nat King Cole? Comment se fait-il que, contrairement aux jeunes de son âge, il n’était pas occupé à écouter du hip hop ou du r’n’b? Issu d’une famille de huit enfants, Gregory Porter a été élevé essentiellement par sa mère. Il n’aurait rencontré son paternel qu’à de rares occasions, celui-ci brillant plutôt par son absence. Porter s’est donc trouvé un autre père, musical celui-là, en la personne de Nat King Cole. La relation virtuelle entre les deux hommes a commencé par une première « rencontre », lorsque le jeune Gregory avait 5 ou 6 ans. Il avait alors écrit une chanson d’amour qu’il avait présentée à sa maman. Elle lui avait souligné qu’il chantait comme Nat King Cole, un nom intriguant pour le jazzman en herbe… Il ne lui en fallait pas plus pour aller piger dans la discothèque maternelle afin de prêter l’oreille aux albums du célèbre artiste. Au fil de ses écoutes, il a eu l’impression que Cole s’adressait à lui, notamment dans Nature Boy.

 

 

« Quand j’ai entendu la ligne « There was a boy », j’ai pensé « hey, c’est moi! » Ses mots de sagesse – « Prends-toi en main, ressaisis-toi, recommence à nouveau », « souris, bien que ton cœur est douloureux » – étaient comme des conseils paternels », a confié Porter au Guardian, en 2017.

Cette complicité musicale avec Nat King Cole a perduré jusqu’à aujourd’hui, avec ce spectacle qu’il propose avec l’OSQ. Chemin faisant, Porter a également continué d’écouter son mentor lorsqu’il était en résidence, dans un college états-unien, en plus de lui consacrer une comédie musicale, en 2004.

 

 

« Parfois, j’essaie d’écrire des chansons pour lui, relatait aussi Porter au Guardian. J’avais Cole en tête quand j’ai écrit When Love Was King, tiré de mon album de 2013, Liquid Spirit. Comme Nature Boy, ça débute avec un conte de fée « Il était une fois un royaume très, très lointain ». Je peux l’imaginer chanter ça. Les dernières lignes de Nature Boy – « The greatest thing you’ll ever learn/Is just to love and be loved in return » – ont toujours été davantage pour moi que de simples paroles. Quand je les écoute, j’entends ma famille, j’entends ma mère ».

Gregory Porter se produira avec l’OSQ le 7 décembre, dans la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm.