Dominique Fils-Aimé Les couleurs de la liberté

22 février 2020

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Types Entrevue
Écrit par : Anne-Louise Champagne

Les couleurs de la liberté

Dominique Fils-Aimé dit qu’elle va où le vent la porte. N’empêche qu’elle a soigneusement balisé le chemin. La chanteuse a fait paraître en 2018 et 2019 les deux premiers d’une trilogie d’albums, articulée autour de l’histoire des noirs, de l’esclavage et de la musique. Elle sera sur la scène du Palais Montcalm le 29 février, avec cinq musiciens et la danseuse Axelle Munezero.

Depuis la sortie de Stay Tuned, en février de l’an dernier, le succès est au rendez-vous : Révélation Radio-Canada 2019, Félix de l’album jazz 2019 et nomination au prix Polaris.

Au bout du fil, la chanteuse née à Montréal de parents haïtiens, raconte.

« J’ai toujours aimé avoir des projets à long terme, avec une structure, et un élément cohérent du début à la fin. » Et le dénominateur commun des trois albums, c’est l’émotion, et la couleur qui lui est associée.

Nameless, le premier album paru en 2018, c’est le blues et la couleur bleue. « C’est la nuit, la traversée de l’océan dans le temps de l’esclavage. C’est la douleur combinée au silence », détaille-t-elle.

En 2019, Stay Tuned, par sa couleur rouge et son style plus jazzé, exprime la révolution, le combat pour la liberté. C’est aussi le combat des femmes qui prennent leur place. « Ce côté révolution, la violence qui vient avec, le sang qui a coulé, c’était un rouge très évident pour moi. »

Le troisième album, à venir, sera celui de la liberté. Comme elle l’avait expliqué sur la scène du Palais Montcalm, lors du lancement de la saison d’hiver, il sera plus funk, soul, voire disco. Associé à la couleur jaune, au soleil, il exprimera les libertés acquises. Ici, l’artiste tempère : « On n’a pas terminé le chemin, c’est sûr, mais on a fait de la route, c’est indéniable! »

« Dans le fond, poursuit Dominique Fils-Aimé, les trois styles musicaux qui se sont suivis dans la création de la musique noire sont vraiment en connexion avec l’état d’esprit et les émotions que les gens vivaient à ce moment-là. »

 

 

Dans une bulle

Le spectacle sera-t-il structuré de la même façon? « C’est plus subtil, c’est sûr, parce que je veux faire vivre un moment fluide aux gens, et aussi parce qu’ils sont libres de vivre les émotions avec moi. »

La chanteuse, qui veut « créer une bulle », demandera aux gens de réserver leurs applaudissements pour le moment opportun, afin de laisser « les chansons couler de l’une à l’autre ».

Évidemment, le spectacle ne se rendra pas jusqu’à l’époque funk. Le troisième opus devrait paraître en février 2021. Les deux premiers avaient également été lancés en février, dans le contexte du mois de l’histoire des Noirs.

Le succès du deuxième album a ralenti le travail studio, mais des morceaux devraient être lancés à l’automne. La matière est déjà là, l’auteure-compositrice-interprète ayant composé les trois albums ensemble, dès le début. Quitte à faire des ajustements, évidemment.

 

 

Paris, New York

La musique de Dominique Fils-Aimé commence à trouver une oreille attentive à l’étranger. L’artiste a été reçue « avec plein d’écoute bienveillante » lors d’une mini-tournée de six représentations à Paris au début de décembre. Et également lors d’un spectacle au Nublu Classic à New York, en janvier.

Prémisses d’une carrière internationale? « J’irai où le vent me portera », lance-t-elle d’abord.

« Je trouve que j’ai de la chance d’être vraiment libre dans ma création, ajoute-t-elle, et si je peux amener cette mentalité très québécoise, très canadienne, ailleurs dans le monde, et faire rayonner ça, ça me fait vraiment plaisir. »

Dominique Fils-Aimé sera en concert à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm le 29 février 2020.

Un texte d’Anne-Louise Champagne. Retour au Journal de Nicolas Houle >

 


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