3 décembre 2021
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Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Anne-Louise Champagne
Parfois, un tout petit geste peut influencer bien des choses dans une vie. Ainsi, un simple vinyle, reçu à 14 ans des mains de son professeur de piano, allait résonner longtemps dans la vie de la chanteuse Coral Egan.
Le maître avait choisi pour son élève l’album Blue de Joni Mitchell. « Commence par celui-là, je pense que tu vas aimer», lui a-t-elle dit. Durant les six années qui ont suivi, l’univers musical de la jeune Coral a tourné presque exclusivement autour de l’œuvre de l’artiste canadienne.
La future chanteuse était fascinée par la sincérité de Joni Mitchell. « J’étais obsédée. J’étais quasiment dans son état de dépression [en écoutant] l’album Hejira… Joni nous permet de l’accompagner dans la chronique de sa vie. Ses émotions, son intellect, ses amitiés, ses rancœurs, ses questions, sa dépression… Tout ça avec une honnêteté particulière. »
Coral Egan fera revivre ses années Joni Mitchell sur la scène du Palais Montcalm le 16 décembre. Elle sera entourée de la crème des musiciens québécois: Daniel Thouin (piano), Yannick Rieu (saxophone), Rick Haworth et Zachary Boileau (guitares), Rémi-Jean Leblanc (basse), Robbie Kuster (batterie) et Miles Dupire-Gagnon (percussion et voix). De plus, pour ce spectacle dans la ville de Québec, la chanteuse Gabrielle Shonk prêtera sa voix à quelques chansons pour assurer les harmonies chères à Coral Egan. Et même inverser les rôles le temps d’une chanson.
Le projet d’hommage à Joni Mitchell a été proposé par Daniel Thouin. Il imaginait un spectacle basé sur les années plus électriques de Mitchell, ces années signées du son de la basse fretless de Jaco Pastorius. On se retrouve donc à l’époque de l’album Hejira et des suivants. « On joue aussi quelques classiques enregistrés avant, mais on a été inspirés par l’idée de faire la musique qu’elle a fait avec Jaco. »
On peut s’attendre à des chansons qui collent la plupart du temps aux originaux. « En général, on respecte énormément les arrangements. On dirait que c’est un doctorat sur Joni Mitchell! On veut mettre à l’honneur son génie et celui de ses musiciens. »
Authenticité
« Joni Mitchell est peut-être la raison pour laquelle je suis auteure-compositeurs-interprète », avance Coral Egan. Certes, la pomme n’est pas le fruit du cerisier, et sa mère, la chanteuse Karen Young, a sûrement eu une influence de premier plan dans le choix de carrière de sa fille. Mais Joni Mitchell est « une influence primordiale. Surtout pour les femmes, mais non seulement pour les femmes. »
Elle est aussi, pour Coral Egan, l’exemple parfait de l’artiste authentique, par son cheminement et son honnêteté. « C’est un chemin qui était emprunté par plusieurs artistes dans un autre temps. Mais on dirait qu’il n’est peut-être plus tout à fait la priorité… »
« Pour moi, le cheminement d’un artiste, ce n’est pas nécessairement le succès et la gloire; c’est la vérité et [la capacité] de la transmettre d’une façon responsable», énonce Coral Egan.
Ceci explique peut-être pourquoi elle met du temps à offrir un nouvel album? Son dernier CD de pièces originales, The year he drove me crazy, est paru en 2012. Elle a depuis participé à deux albums depuis, dont Dreamers, avec Karen Young, sorti en 2017. Mais ses fans sont curieux, et peut-être impatients, d’entendre sa prochaine offrande. Elle l’est également.
Coral Egan affirme avoir quelques pièces déjà prêtes, mais « avec le temps, écrire des textes devient un défi », confie-t-elle.
Elle trouve que l’époque actuelle est difficile pour la création. « C’est de plus en plus difficile de trouver les mots qui sont universels. »
« Avec l’âge, nuance-t-elle, on (se) demande de plus en plus la perfection. On est moins dans l’instinct de créer, dans la puissance de nos propres visions. En vieillissant, je demande plus de mes chansons, de mes mots. Et ça fait que ça prend plus de temps.»
N’empêche qu’il y a quelques chansons qu’elle aimerait bien diffuser dans l’année qui vient, parce qu’elles parlent de l’époque actuelle. Et elle garde toujours l’objectif de sortir un album fait de matériel neuf d’ici quelques années.
En attendant, ses différents projets la nourrissent et la comblent. « Le fait que je chante dans la chorale de Y’a du monde à messe, ça à mis en valeur ma vie comme chanteuse, ma vie en chorale. »
Elle chante également avec l’ensemble Cordâme pour le projet Da vinci inventions. Ce spectacle créé par le compositeur Jean Félix Mailloux, explore l’œuvre et l’époque de Leonardo Da Vinci. À la frontière du jazz et de la musique de chambre, « c’est de la musique complexe, c’est un défi pour moi. Et c’est un pur plaisir! »
Enfin, Coral Egan rejoindra bientôt une production du cirque Éloize, qui va l’occuper pendant un bon bout de temps. « Ce sont des projets intéressants. Plusieurs personnes font ce choix d’être ’’ musicien’’ ou ‘’chanteur’’. » Plutôt que ‘’vedette’’, comprend-on. «J’apprécie beaucoup ce choix-là. »