Andy Summers Un ex-Police en son et en images

16 août 2023

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Yves Leclerc

Un ex-Police en son et en images

Andy Summers s’intéresse à la photographie depuis son adolescence. L’ex-guitariste des Police sera de passage le 7 octobre au Palais Montcalm avec un concert en solo où il sera accompagné de projections de photos et de vidéos. Il reprendra aussi quelques titres du célèbre trio britannique.

Après la visite du batteur Stewart Copeland, le printemps dernier, c’est au tour de l’ex-guitariste des Police à venir donner un spectacle dans la Vieille Capitale.

En entrevue, il y a quelques semaines, le guitariste de 80 ans a avoué ne pas se souvenir de sa seule et unique visite à Québec. C’était à l’Agora du Port de Québec en septembre 1988, en première partie de la formation allemande Tangerine Dream.

« Ça doit certainement être écrit quelque part, mais je ne m’en souviens pas. Ça fait tout de même 30, 40 ans. J’ai des souvenirs, toutefois, de cette tournée. J’ai hâte de revenir jouer à Québec et au Canada », a-t-il lancé, lors d’un entretien par l’entremise de la plateforme Zoom.

Le guitariste britannique était chez lui à Santa Monica, en Californie, profitant des quelques jours de congé entre deux séries de spectacles.

Lors de cette tournée intitulée The Cracked Lens + A Missing String, Andy Summers propose un voyage musical et photographique.

« C’est un spectacle multimédia. Je suis seul sur scène avec plusieurs séquences visuelles de photos que j’ai prises au fil des années. On retrouve aussi de la vidéo et des sonorités de guitares pour accompagner tout ça. Il y a de très belles photos comme certaines prises au Japon, en Inde et en Chine », a-t-il fait savoir.

Artiste photographe

Andy Summers s’intéresse à la photographie depuis son adolescence. Il raconte avoir été influencé par l’art européen et les films en noir et blanc de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Ingmar Bergman et Federico Fellini.

« Ces films ont planté une graine en moi. Ces influences sont apparues lorsque j’ai commencé à faire de la photo. Je n’ai jamais arrêté d’en faire. Je suis surpris d’avoir mis tout ce temps avant de penser à monter ce genre de spectacle. C’est quelque chose qui tient la route. Il y a de la sensibilité dans ce que l’on voit et que l’on entend », a-t-il dit.

Les photos, selon lui, ressemblent à des changements d’accords improvisés.

« Une rue, un endroit étranger et une situation. Chaque image peut être une photo magnifique. C’est comme des changements d’accords improvisés à la guitare. Ça peut provoquer un impact émotionnel », a-t-il fait remarquer.

Andy Summers profite de ses voyages et des tournées pour prendre des photos.

« J’essaie, lorsque je suis sur la route, d’aller marcher et prendre des photos. J’ai amené mes deux appareils Leica et cinq lentilles lors des six premiers spectacles de la tournée. Je voyage toujours avec mes appareils et j’essaie de trouver des éléments et de belles situations pour faire de bonnes photos », a-t-il mentionné.

Il raconte ne pas avoir beaucoup de temps en tournée en raison des déplacements.

« Il y a aussi la chaleur qui est incroyable cet été. J’étais à Washington et c’était trop chaud pour aller marcher », a-t-il indiqué.

Pour son spectacle The Cracked Lens + A Missing String, Andy Summers qualifie d’exotiques les ambiances musicales qui accompagnent ses photos.

« Il y a un segment brésilien avec des photos spécialement choisies pour cette partie. La musique brésilienne a été une grande influence dans ma vie», a-t-il dit.

C’est ce qu’il avait en commun avec Sting.

« J’ai découvert la musique brésilienne vers l’âge de 16 ans et je suis plongé là-dedans à fond. Je donne souvent des spectacles au Brésil. J’y vais chaque année. Je vais faire quelques chansons brésiliennes connues lors de ma visite à Québec », a-t-il fait savoir.

La nostalgie réinventée

Andy Summers revisitera aussi certains titres des Police. Le guitariste a lancé, au cours des dernières années, de nouvelles versions de Message in the Bottle, Bring On The Night et Roxane.

« Les gens s’attendent à en entendre. C’est mon héritage et je n’ai pas de problème avec ça. Ce que j’aime, c’est de les reprendre avec de nouveaux arrangements, avec une imagerie que les gens n’ont jamais vue ou avec des lignes de guitares qui sont différentes des originaux », a-t-il fait remarquer.

Andy Summers affirme, en toute franchise, qu’il ne ressent pas d’émotions particulières lorsqu’il revisite les chansons de la célèbre formation qui a vendu 75 millions d’albums.

« C’est de la nostalgie. En tant qu’artiste, on veut aller vers l’avant et ne pas retourner en arrière. J’en fais quelques-unes parce que ça fait partie, quelque part, des attentes des gens qui achètent des billets. Ça ne me dérange pas de faire des pièces qui remontent à longtemps, mais en autant qu’elles soient interprétées de manière différente et jumelées à des photos que les gens n’ont jamais vues. Ça amène un tout nouveau contexte. Les gens, jusqu’à maintenant, semblent apprécier. Il n’y a pas de problème », a-t-il précisé.

Andy Summers avait donné 11 spectacles de ce genre avant que la pandémie frappe la planète.

« Je commençais à trouver ma voie avec cette formule et la pandémie a frappé. Entre-temps, la technologie s’est améliorée et elle m’a permis de faire de nouvelles choses avec les photos projetées sur les écrans. On a pu amener ça ailleurs et monter un bien meilleur spectacle. Ce concert, soir après soir, est sophistiqué et technique. Il y a des ordinateurs et plein d’autres trucs. Ce n’est pas uniquement jammer sur une corde durant une demi-heure. C’est quelque chose d’unique », a-t-il mentionné.

Le guitariste a profité d’une pause de quelques semaines depuis le sixième concert de la tournée, à Hopewell en Virginie, pour retravailler l’ensemble de son spectacle. Il pourrait ajouter quelques pièces de son dernier album Harmonics of the Night lancé en 2021.

« Cette période me donne l’occasion de faire de petits ajustements et corriger certaines choses. C’est un peu comme arriver dans un nouveau pays et c’est là que je suis en ce moment. On est très bon et l’on va être très solide lorsque nous allons arriver au Palais Montcalm », a-t-il dit.

Cette courte pause, dit-il, n’aurait pas pu être trop longue. Il avoue avoir besoin de jouer.

« Tout repose sur la mémoire et la dextérité. Je ne peux pas m’éloigner du spectacle bien longtemps. Lorsque j’arrive sur scène à 21h, je dois être prêt et savoir ce que je vais faire », a-t-il expliqué.

Andy Summers ne pense pas à la retraite. Même s’il aura 81 ans en décembre prochain.

« Je ne comprends pas vraiment ce mot. Je vais faire quoi à la retraite? On ne peut pas s’arrêter. Il faut continuer. Je suis en santé, en forme et je joue encore très bien. Je n’ai jamais aussi bien joué. Je ne pense aucunement à la retraite », a-t-il laissé tomber.

Andy Summers dit avoir toujours du plaisir à se retrouver sur les planches.

« C’est tout le reste qui est loin d’être génial. On va voir. On s’en reparlera en décembre à la fin de la tournée et si je suis toujours en vie. Ça ne me tentera peut-être plus. Ce n’est pas, non plus, quelque chose de nouveau pour moi. J’ai fait ça durant toute ma vie », a-t-il fait remarquer

Le guitariste qui a vécu la frénésie entourant l’énorme succès de Police précise que le métier d’artiste est loin d’être quelque chose de facile. Il vit bien en marge de cette mégapopularité qui était présente au début des années 80.

« C’est toujours difficile. Il faut toujours travailler fort, malgré les succès et les millions de disques vendus, pour convaincre les gens et obtenir des contrats. Les décideurs craignent toujours que ça ne fonctionne pas. C’est comme ça que l’industrie de la musique fonctionne. L’aspect musique se déroule toujours très bien, mais ce qui n’est pas toujours le cas avec le côté business, qui lui, est toujours terrible. Je suis chanceux. J’ai joué dans un des plus grands groupes et vendu des millions d’albums. Je n’ai pas à me plaindre », a-t-il précisé.

Le musicien n’a pas d’autres projets en ce moment. Il se concentre à 100% sur sa tournée qui a repris le 11 août à Houston au Texas.

« Faire ça et travailler sur un nouvel album peut amener de la confusion. Ça prend un espace pour chaque projet », a-t-il expliqué.

Andy Summers explique que son projet Circle Zero, avec l’ex-Rescues Rob Giles, n’existe plus. La formation avait lancé un album intitulé Circle Hero en 2014.

« C’est un des meilleurs albums que j’ai faits, mais la compagnie de disques, une belle bande de perdants, n’a pas été très correcte avec nous. C’est dommage parce que c’est un très bon disque », a-t-il fait savoir.

L’artiste qui compte 15 albums solos à son actif écoute très peu de nouveaux groupes de musique.

« On me pose souvent la question, mais je n’en écoute pas. Ça ne m’intéresse pas vraiment. J’écoute des trucs exotiques. Des choses que les gens ne connaissent pas vraiment », a-t-il mentionné.

Andy Summers explique qu’il s’attendait à l’immense succès des Police.

« C’était un peu étrange, pour moi, de me joindre à un groupe punk, mais ce fut ce que j’avais imaginé. Je m’attendais à ce que ça soit comme ça », a-t-il avoué.

Et si jamais, un jour, Sting et Stewart Copeland te contactait pour quelques concerts pour un dernier tour de piste?

« Je leur dirais d’aller se faire foutre », a-t-il laissé tomber en riant.