Martha Wainwright ouvre un nouveau chapitre

20 octobre 2021

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Types Entrevue, Programmation
Écrit par : Anne-Louise Champagne

Martha Wainwright ouvre un nouveau chapitre

Martha Wainwright sera sur la scène du Palais Montcalm le 30 octobre, avec comme proposition son plus récent opus, Love Will Be Reborn, et comme compagnons les musiciens d’un band dont elle dit qu’il est son préféré à ce jour!

«Ce sont les mêmes qui jouent sur le disque», précise-t-elle.

Elle apprécie l’équilibre qu’ils apportent à son œuvre. «Ma musique, mes paroles, ma façon de chanter, c’est quand même assez souvent intense, c’est un peu dur, des fois… Il y a beaucoup de liberté, d’éclats d’émotion, disons!»

La sensibilité de ses musiciens (Thom Gill à la guitare, Philippe Melanson à la batterie, Morgan Moore à la basse) contrebalance la fougue de la chanteuse. «Peut-être parce qu’ils sont plus jeunes et moins traumatisés par la vie!», dit-elle avec un sourire dans la voix. «Ils sont plus dans le jazz et ils ont une douceur dans la façon de jouer. Ça calme un peu ma musique et en même temps, ça ajoute un peu de la sagesse qui me manque», continue-t-elle, cette fois avec un rire franc.

Album charnière

Martha Wainwright a connu des années difficiles, l’album Love Will Be Reborn en témoigne. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il s’agisse d’un album entièrement sombre; il dessine aussi le passage vers une vie plus lumineuse.

«C’est un album qui est le début de quelque chose, et un au revoir à une autre vie dans le passé. Il est né dans un grand changement de vie», explique la quarantenaire.

Ce passage, ça été un divorce très difficile, voire traumatisant. Wainwright emprunte une métaphore au monde de la construction : «Il faut faire tomber un bâtiment et il faut faire attention de ne pas trop détruire autour. Et après, il faut commencer à reconstruire pour un meilleur futur. C’est ça, le sentiment sur l’album.»

Ces «rénovations» ont aussi des répercussions sur sa musique.

«Il y a eu de grands changements parce que mon ex-mari était très impliqué dans ma musique. C’est quelqu’un qui a produit ou co-produit plusieurs de mes albums.»

La chanson-titre a été écrite en 2017, alors que la rupture était encore fraîche. L’album a mijoté longtemps avant de paraître en août de cette année.

Martha Wainwright a travaillé sur Love Will Be Reborn dans le sous-sol de Ursa, son petit café-salle de spectacle de Montréal. «Je me suis vite aperçue que j’écrivais les chansons, je jouais de la guitare, je gérais tout. Mais en vérité… je ne voulais pas ça.»

Ce qu’elle voulait, c’était trouver un producteur qui pourrait tout prendre en main, et avoir une vision un peu moins sombre.

Ce producteur fut Pierre Marchand, qu’elle connaissait bien, mais avec qui elle n’avait jamais collaboré, pour toutes sortes de raisons. «Les étoiles étaient enfin alignées, c’était le moment parfait.»

Même la COVID a joué son rôle : «Pierre aime ça travailler seul! Je lui envoyais des vocal tracks, il travaillait ça chez lui.»

Martha Wainwright

Le temps d'une chanson

Rencontrez Martha Wainwright… le temps d’une chanson

Au bon moment

Face à la pandémie, Martha Wainwright se considère plutôt chanceuse. «Pour moi, le timing était correct.»

Point du vue familial, d’abord. «J’ai pu passer beaucoup de temps avec mes enfants et c’était important. Parce que j’avais vu que le divorce, la rupture, la tournée pour mon dernier album (celui sorti en 2016), ce n’était pas bon pour la relation entre moi et mes enfants. Pour moi, c’était bien de rester à la maison.»

Point de vue musical, ensuite, puisque c’était possible d’enregistrer dans des conditions sanitaires correctes, au sous-sol de Ursa. «J’étais dans le vocal booth, mes musiciens étaient dans leur bulle… on a vraiment pu faire ça.»

Maman fait de la musique

La chanteuse issue d’une famille de musiciens -ses parents sont Kate McGarrigle et Loudon Wainwright III, son frère est Rufus Wainwright- se fait un point d’honneur de conjuguer son rôle de mère et son travail de musicienne. «Mes enfants m’entendent chanter, m’entendent répéter… On est sur la rue et quelques fois des gens m’arrêtent pour dire  »J’aime ce que tu fais ».»

«Je veux qu’ils comprennent ce qu’elle fait, maman. Quand je pars en tournée et que je les laisse avec papa, je ne les abandonne pas. Je pars travailler, et après, je reviens.»

Alors, quand les garçons se sont dits intéressés par la vidéo que leur mère tournait pour la chanson-titre de l’album, cette dernière n’a fait ni une, ni deux. Le plus vieux se voyait bien en roi Arthur dans ce clip médiéval. «J’ai appelé le metteur en scène du vidéo et je lui ai dit :  »Changement de plan! Le sujet, ça va être le roi Arthur! »» Ce sont donc eux, les deux petits garçons de la vidéo.

En musique, c’est comme ça, dit Wainwright. «Moi je vois mon frère, je passais beaucoup de temps avec ma mère et je vois mon père dans des contextes de travail. Disons que ça continue la tradition.»

Musique et famille semblent toujours aller de pair pour les Wainwright. Rufus et Martha ont fait en août, en Allemagne et en Suède, une série de concerts intitulée Mother et tournant, évidemment, autour du thème de la mère.

Il s’agissait d’un spectacle où les enfants de Kate et Loudon étaient accompagnés d’un seul pianiste. Ils interprétaient des chansons comme Mother (John Lennon), Les yeux des enfants (Françoise Hardy) ou encore Bohemian Rhapsody (Queen), ainsi que certaines de leurs propres chansons. «C’est sûr que ça partait de notre propre histoire. Le concert tournait autour des familles brisées, du divorce… C’est notre histoire, alors on aime chanter et parler de ça.»

Éclectisme

Nous avons demandé à Martha Wainwright ce dont elle était le plus fière. «L’éclectisme!», répond-elle spontanément. «L’éclectisme de la musique et de ma vie pour la musique.»

Elle donne en exemple deux récentes soirées au Ursa, alors qu’elle faisait des hommages à Joni Mitchell, puis à Lhasa de Sela, avec d’autres chanteuses montréalaises.

L’éclectisme, c’est «d’apprendre les chansons vite, de jouer mes propres chansons, d’être le maître de cérémonie de la soirée, de faire la bouffe pour tout le monde, parce que j’adore cuisiner, de gérer la comptabilité, de gérer tout ça. C’est aussi d’avoir été en tournée en Angleterre avec mon band, d’aller chercher mes enfants à l’école, et aussi de chanter avec les enfants, de faire une petite chorale pour le quartier…»

«C’est beaucoup de différentes choses, mais la musique est tout le temps là. La bouffe, les enfants, la musique… Cette capacité de porter plusieurs chapeaux.»

«C’est sûr que c’est jamais fait parfaitement! Peut-être que c’est fait vite! Peut-être que je chante et que j’ai oublié d’enlever le tablier! Mais cette diversité dans ma vie, j’apprécie.»


Le spectacle de Martha Wainwright aura lieu le 30 octobre 2021, à 19h30, dans la salle Raoul-Jobin. Les places en salle sont maintenant disponibles sans distanciation physique, le port du couvre-visage est obligatoire en tout temps et le passeport vaccinal avec pièce d’identité seront exigés.

Ce spectacle sera également diffusé en direct sur le web grâce à notre salle virtuelle. 

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